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L’âne ou la Force du destin

par | Oct 29, 2013 | Esquisses | 1 commentaire

Anne éclaire la pierre ! Pierre éclaire l’âne ! chantonne la petite Anne en sautillant sur le chemin de pierres qui l’emmène au moulin d’Alphonse. En secret, elle espère bien y trouver un âne plutôt qu’une chèvre.

Un âne c’est bien plus fort qu’une chèvre, se répète-t-elle en son for intérieur.
L’âne, s’est sûr, ne se laissera pas manger par le loup. Il lui donnera des coups de sabots et le loup partira en courant, la queue basse, hurlant de douleur. Anne rit à l’idée de se voir libre, gambadant dans la forêt et dans les prés, plus forte que ce loup peureux.

Anne est têtue comme un âne, bien plus têtue que son frère Pierre et sa sœur Claire.

Pierre, Claire, Anne, trois enfants et une comptine. Claire éclaire au milieu des trois. Pierre se fait lourd comme la pierre et Anne est libre parce qu’elle est plus forte qu’une chèvre et la plus entêtée des trois.

Aaaah ! Aïe ! Atchoum ! Allo ? Hahah ! Tous ces sons commencent par un A et attirent l’oreille de la jeune fille qui a perdu sa liberté. Sa maman a été mangée par le loup !
Anne s’est enfermée dans un château dont la toiture à deux pans ressemble à un A. Le A-toit est symétrique et tient en équilibre sur ses deux jambes, retenues, ficelées par une tige horizontale. Ce A-toit rassure Anne qui en a tant besoin. Il ne peut s’envoler, il la protège. Mais il l’empêche de gambader dans la forêt et dans les prés.

Ame seule, Anne seule, petite Anne solitaire portant le poids du fardeau des ânes.

Sous ce A-toit, Anne est née, année après année. Anne s’est fortifiée par la contrainte. Anne a fini par retrouver une certaine forme de liberté, en grimpant sur le faîte de ce toit pentu. En elle était écrit Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?  Sœur, elle l’était, elle se devait donc de chercher à l’horizon, un avenir meilleur. Une âme soeur ? Une famille ? Un prince ?

Anne maman transmet la lettre A à ses enfants ElénA et NicolAs. Ah oui Anne aime la chaleur de ce son mille fois prononcé, mille fois entendu, mille fois reconnu. Anne vibrait au A et sans savoir pourquoi Anne s’est transformée en mAman. Anne n’est plus.

Aaaah Anne, say my name, please !MonPaysWeb

Anne rêve, se souvient de la petite Anne, du petit âne et retrouve son âme d’âne têtu. Elle tourne en bourrique. Anne, si bien posée, si solide sous son A, fait exploser les deux pans du toit et saute pour aller gambader dans la forêt.

Anne grimpe sur les plus hautes montagnes, descend des ravines profondes, longe des plages de sable fin. Le fardeau s’amenuise avec le temps. Le dos d’Anne s’allège.

Elle s’échappe sur l’aile de la Liberté !
Anne devient enfin femme libre.

Au détour d’un long voyage, Anne découvre l’@. Un joli a, tout en rondeur et douceur. @nne se love dans sa tige souple pour s’y reposer, s’accueillir. @nne s’aime enfin.

@ujourd’hui @nne se dévoile et se montre telle qu’elle est, simplement anne, joueuse des mots, des sons et de la vie.

1 Commentaire

  1. Gaëlle

    De l’humour, de la tendresse, un texte vrai. C’est beau.

    Réponse

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