J’étais dans le tram Z.
Y avait pas d’métro, c’était jour de grève. Autant dire qu’il était bondé. Le tram.
Une gamine monte, accompagnée d’un grand échalas. Avec un chapeau mou, retenu par deux grandes oreilles. La petite l’interpelle :
– Il est marrant ton tram ! Z ? C’est un drôle de nom !
L’homme marmonne, sans lâcher des yeux sa feuille de chou.
– Cesttoutkommesicétaitmontramamoi ! rajoute la fillette au pull rouge. Elle tire sur la manche de l’imper, sourd.
– Et Tonton ! douktucomprendsrien ? C’est le tram Z à Zazie ! Z … Zazie …, qu’elle répète comme une allitération multiplicative.
Pas besoin d’obtenir la cruche à lauréats pour comprendre l’allusion. Bref, l’oncle bafouille un truc, inaudible. Le tram s’arrête, brusquement. Le chapeau mou m’écrase les godillots. Je l’invective. Des deux doigts, Zazie s’embouchonne les oreilles en s’écriant doukicriedonktantcommeça.
Plus tard, assis au bar d’un snack à frites, j’avale une bière en croquant un chien-chaud. Une gamine en pull rouge, à croire que c’est la mode, entre dans le bistrot. Sur le pas de la porte, elle hèle son oncle :
– Tonton ! Takamachterdesfritesmayo, j’ai les crocs !
C’était la même Zazie, celle du tram Z.
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