Il a 4 ans, peut-être 6, mais pas plus. Il peut sourire comme il peut bouder, son nez n’est qu’une frimousse, rousse, tachetée de flocons d’avoine. Il le plisse d’un air malicieux, en même temps que son œil cligne sous les rayons du soleil. Je l’observe dans les reflets de la vitre du tram 22 qui m’emmène vers le centre de Prague. Ses pieds se balancent et trépignent, ses yeux bleus, verts ou gris brillent d’une naïve insolence. Deux virgules en signe de sourcils dansent à la mesure de ses pieds. Charmeuse, facétieuse jusqu’à l’effronterie, une fossette se dessine à l’aube de sa joue rieuse.
Il est le petit angelot écossais de Botticelli. Ses joues arrondies sont à croquer, telles deux petites pêches soyeuses. De ses cheveux légèrement bouclés se détache, une fine mèche rousse et rebelle traversant le front, tel un point d’exclamation, ponctuant un nouvel éclat de rire. Pourtant, avec la lenteur du tramway, apparaît sur sa bouche, une légère bouderie, une moue qui efface la fossette et assombrit ses pupilles pourtant si étincelantes, l’instant d’avant. Il se renfrogne, et son regard se perd dans la foule qui traverse la rue, stoppant par la même la course du tramway. J’observe à l’envie chaque petite graine de son qui parchemine ses joues et l’arête de son nez. Elles semblent dessiner une partition virevoltante, singulièrement joyeuse malgré la bouderie soudaine du petit ange.
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