Chère Jeanne,
Ton silence me rend triste. Je me sens égoïste et pourtant incapable de revenir sur mes pas. Je ne cherche pas ton pardon. Ma fuite est-elle pardonnable ? J’aimerais un peu de bienveillance. Quelques graines de compréhension mélangées à de la poudre de colère me conviendraient. Un mot de toi, simplement.
J’ai quitté Berck pour longer la côte vers le Nord-Est. Arrivé à Dunkerque, j’ai essuyé la pluie et le vent du Nord, plusieurs jours d’affiler. Le moral était au plus bas. J’ai vendu le vélo sur un vide grenier. J’étais triste de quitter ce compagnon de fortune, avec qui j’ai redécouvert la liberté. Je lui avais rendu toute sa jeunesse par de menues attentions, de nouvelles roues, un peu de graisse sur les pignons, un brossage régulier du guidon pour lui redonner toute sa brillance, une jolie couleur, rouge garance. Mais le temps ne se prête plus à la course sur les bords de mer.
Grâce à la vente du vélo, j’ai acheté un billet de train pour Amsterdam. Comme tu peux le constater, je fais très attention à mes finances. C’est un véritable challenge que de vivre, au jour le jour, à moindre frais. Depuis mon départ, j’ai dormi tous les soirs à la belle étoile. J’ai réussi à accumuler de quoi vivre quelques temps, à l’abri du froid.
Je suis maintenant à Amsterdam. Je loge dans une auberge de jeunesse pas très loin du port. C’est étrange de se retrouver enfermé entre quatre murs après ces derniers mois à camper au gré du vent. Je ne suis pas mécontent de retrouver un peu de chaleur à l’approche de l’hiver. Je cherche du travail. La restauration serait le plus simple. Mais j’ai envie d’autres choses, plus physique et surtout à l’extérieur. J’ai été sur les docks, ils ont ri de mon allure, frêle. Même si mes mollets ont bien forci, mes biceps sont encore loin d’être à la hauteur de ceux des dockers amstellodamois.
Pourtant ça me dirait bien de travailler sur les docks, en plein vent, même en plein hiver. J’ai tant étouffé ces dernières années …
Amsterdam regorge de vélos aux allures pittoresques, je t’envoie quelques photos en hommage à celui qui m’a sauvé de l’asphyxie.
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Je t’embrasse tendrement, Marc
PS : Tu peux m’écrire au Noordzee Hostel Rigagkade 3, 1031 KV Amsterdam, Amsterdam-Noord, 1031 CL Amsterdam, Pays-Bas
Marc, tous ces vélos alignés en rangs serrés me font peur,y a t il encore une place pour les simples marcheurs, toi qui suivait nez en l’air les nuages à Berck, tu pourrais bien finir dans un canal renversé par la bicyclette d’une Hamster Dame !